Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/52

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

battre. Il a été couper une gaule dans le bois ; je crains que ce ne soit pour toi. »

Gaspard hâta le pas et se mit à pleurer.

« Mon Dieu ! mon Dieu ! que vais-je devenir ? Quand il est en colère, il n’écoute rien, il tape comme sur une gerbe de blé. »

Il courait pourtant ; Lucas courait plus vite encore, espérant adoucir son père avant que Gaspard l’eût rejoint. Mais Gaspard avait perdu du temps à se décider à quitter la classe ; il avait marché lentement jusqu’après la sortie du village. La colère du père avait augmenté au lieu de diminuer. Quand il les aperçut, il alla au-devant d’eux et, sans écouter les supplications de Lucas, sans avoir égard à la terreur de Gaspard, sans dire une parole, il saisit Gaspard par les cheveux, et, avec la gaule qu’il tenait à la main, il lui administra une si rude correction, que Gaspard commença par crier grâce et pardon, puis par pousser des cris lamentables qui firent accourir la mère et les gens de la ferme.

La mère se jeta sur le bras de son mari et lui arracha la gaule qu’il avait si rudement employée.

La mère Thomas.

Tu as tapé trop fort, Thomas. Quand tu es en colère, tu ne sais plus ce que tu fais.

Le père Thomas.

Oui, j’ai tapé pour qu’il le sente, et, s’il recommence, je taperai plus fort encore.