Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/54

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sembles ne pas savoir encore, qu’il n’est pas bon de me mettre en colère.

Gaspard marchait trop doucement au gré de son père ; un coup de pied lui fit hâter le pas. Lucas s’approcha du père Thomas.

« Mon père, ne battez plus Gaspard ; vous l’avez déjà tant battu.

Le père Thomas.

Je l’ai battu, et je le battrai encore, s’il me plaît de le battre. Et toi, tu n’as rien à dire ; cela ne te regarde pas.

Lucas.

Cela me regarde, car Gaspard est mon frère, et j’ai du chagrin de le voir souffrir.

Le père Thomas.

Laisse-moi donc tranquille ! S’il souffre, c’est bien sa faute.

Lucas.

Ce n’est pas sa faute s’il aime l’école et s’il veut être savant.

Le père Thomas.

Savant ! Joli état que celui de savant ! Ce n’est pas les livres qui vous mettent de l’argent dans la poche et du pain dans la huche.

Lucas.

Pas les livres, mais ce qu’ils apprennent.

Le père Thomas.

Ah çà ! vas-tu aussi tourner au savant, toi ?

Lucas.

Ma foi non, je n’en ai guère envie ; mais puisque