Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/60

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Le père Thomas, avec humeur.

C’est bon, c’est bon ! Qu’il y aille ! Et toi, tu resteras, puisque te voilà arrivé à tes fins.

Lucas remercia son père et courut annoncer la bonne nouvelle à Gaspard, qu’il avait laissé triste et se plaignant de souffrir.

Lucas.

Gaspard, Gaspard, tu peux aller à l’école, mon père veut bien ; pars vite ; dis au maître d’école que je reste pour aider au trèfle.

Le visage de Gaspard rayonna de joie ; il remercia Lucas, déjeuna à la hâte et partit de suite, oubliant tous ses maux et courant aussi vite que la veille.

En arrivant à l’école, il raconta au maître ce qui lui était arrivé.

« Tu es un martyr de la science, lui avait dit le maître d’école. Quant à Lucas, il est bon garçon, mais il ne sera jamais rien. »

À partir de ce jour, le père Thomas ne parla plus d’école ; Gaspard y allait régulièrement ; Lucas manquait toutes les fois qu’il y avait du travail pressé à la ferme, et il y en avait souvent. On faisait grand cas de Lucas à la ferme ; Gaspard y était compté pour rien ; aussi profitait-il de ce dédain pour lire et écrire presque toute la journée.

Vignette de Bertall
Vignette de Bertall