Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/117

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en chantant sur l’air des lampions : « Le cordon, s’il vous plaît ». Innocent ne comprenait rien à cette réception étrange ; il avait des inquiétudes sur sa redingote, que les saccades répétées menaçaient de mettre en pièces. Il voulut s’échapper ; toute issue lui était fermée. La peur commençait à le gagner ; il s’élança contre un groupe moins serré que les autres ; le groupe le repoussa. Innocent tomba à la renverse en criant comme un possédé.

« Tais-toi, imbécile ! » lui dirent à mi-voix les pensionnaires, qui voyaient approcher le maître d’étude.

Et ils se dispersèrent, ne laissant près d’Innocent que quelques-uns d’entre eux, qui s’empressaient comme pour le relever.

« Eh bien, qu’y a-t-il donc, messieurs ? Qui est-ce jeune homme ? Pourquoi a-t-on crié ?

— M’sieu, c’est un petit jeune homme qui est tombée ; il était venu avec sa famille, qui est allée chercher M. le chef d’institution, et en jouant il est tombé et nous le ramassons. »

Innocent allait parler mais un des collégiens se baissant près de son oreille, lui dit :

« Tais-toi ; si tu dis un mot, tu auras une poussée. »

Le maître d’étude regarda ses élèves avec méfiance, Innocent avec un air moqueur, et lui demanda où était sa famille.