Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/127

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SIMPLICIE.

J’écrirai demain à maman que je m’ennuie et que je veux revenir.

PRUDENCE.

Écrivez, mamzelle. J’écrirai aussi, moi, comme votre papa me l’a ordonné.

Simplicie allait répliquer, lorsqu’elle entendit frapper contre le mur ; sa tante couchait dans la chambre à côté.

« Allez-vous bientôt vous taire et me laisser dormir bavardes ! Soufflez la bougie ; je n’aime pas qu’on brûle mes bougies inutilement. »

Simplicie et prudence se regardèrent avec frayeur et se déshabillèrent promptement. Cinq minutes après une obscurité complète régnait dans la chambre ; elles firent leur prière se couchèrent à tâtons et ne tardèrent pas à s’endormir. Simplicie était fatiguée ; elle dormit tard. Prudence s’était levée de bonne heure, avait tout préparé pour la toilette de Simplicie et avait déjà écrit la lettre suivante :


« Monsieur et Madame,

« J’ai l’honneur de vous faire part de notre arrivée. Nous avons eu tout plein d’aventures en route et dans cet affreux Paris, qui n’a pas du tout l’air comme il faut ; les gens ne sont pas honnêtes ; ils vous rient au nez, vous éclaboussent et vous bousculent en criant, puis ils vous font tomber dans la