Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/130

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« Comment, mamzelle, s’il fait jour ? Madame a déjà demandé deux fois si mamzelle était prête.

— Ah, mon Dieu ! s’écria Simplicie en sautant à bas de son lit. Pourquoi ne m’as-tu pas éveillée. Prudence ?

— Ma foi, mamzelle, vous dormiez si bien que je n’en pas eu le cœur.

— Vite de l’eau, du savon !

— Voilà, voilà, mamzelle ; tout est prêt. »

Simplicie se débarbouilla, se peigna, se coiffa en moins d’un quart d’heure. Elle acheva de s’habiller, et elle finissait sa prière, lorsque la porte s’ouvrit avec violence, et Mme Bonbeck parut :

« Quelle diable d’habitude avez-vous là, vous autres ! Comme des princesses ! À peine habillées à neuf heures ! Mon café qui m’attend depuis une heure ! Ah ! mais je n’aime pas ça, moi ; j’aime qu’on soit exact. Entends-tu, petite ?

— Pardon, ma tante ; j’étais si fatiguée que j’ai dormi plus longtemps. Je ne savais pas… je ne croyais pas…

— C’est bon, c’est bon, tu t’excuseras plus tard. Vite, viens prendre le café ; les Polonais ont les dents longues, prends garde qu’ils ne t’avalent.

Mme Bonbeck, satisfaite de sa plaisanterie, partit en riant, suivie de Simplicie. Les Polonais saluèrent ; on se mit à table, et ils mangèrent, comme d’habitude, tout ce qu’on leur servit.