Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/210

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de cendre, leurs cheveux tirés, leurs oreilles allongées, leurs habits déchiquetés, et quelques autres inventions aussi méchantes. Quand on rentra dans les salles d’étude, Grégoire et Honoré, qui avaient appris par leurs camarades la décision prise contre eux, jugèrent prudent de se déclarer, et ils prièrent le maître d’étude d’aller dire au chef de pension qu’ils étaient les seuls coupables du tour joué à Innocent. Le maître d’étude les engagea à y aller eux-mêmes et leur donna une permission de sortie de classe.

« Que me voulez-vous, messieurs ? pourquoi quittez vous l’étude ? » leur demanda rudement le maître en les voyant entrer.

Les deux élèves présentèrent leur permission et balbutièrent une phrase pour expliquer que c’étaient eux qui avaient accroché le pot de cirage à la porte du parloir.

« C’est bien, messieurs ; vous faites bien d’avouer la vérité ; votre punition en sera plus légère. Au lieu de vous renvoyer de ma maison comme je l’aurais fait si je vous avais reconnus coupables sans votre aveu, je me borne à vous mettre en demi-retenue de récréation pendant trois jours, et à vous priver de la promenade au bois de Vincennes, jeudi prochain. Allez, messieurs, et portez à M. Hervé ce papier qui lève la retenue de la classe. »

Ce fut ainsi que se termina l’aventure d’Innocent