Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/224

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Où demeure votre tante ? demanda le sergent de ville.

— Rue Godot, répondit Innocent.

— Quel numéro ?

— Je ne sais pas, j’ai oublié.

— Et comment donc ferez-vous pour payer cette brave femme ? demanda le sergent de ville.

— Nous reconnaîtrons bien la maison, Simplicie et moi ; nous prendrons un fiacre qui nous y mènera.

— Connu, connu, mon fiston, dit la femme. Le fiacre vous emmènera, mais ne vous mènera pas chez la tante, et j’en serai pour mon argent.

— Mon Dieu ! mon Dieu ! comment faire ? » s’écria Innocent éclatant en sanglots.

Le sergent, qui reconnaissait dans Innocent un accent et un air de vérité, lui dit de se calmer, qu’il ne leur arriverait rien de fâcheux, et qu’il les mènerait lui-même rue Godot.

« Je vous avancerais bien les six sous, bonne femme, mais je ne les ai pas sur moi, dit le sergent de ville ; vous savez que je suis tous les jours de garde ici, vous me retrouverez ; c’est moi qui réponds des six sous qu’on vous doit. »

Cette assurance calma la femme, et le sergent de ville allait emmener Innocent et Simplicie lorsque des cris se firent entendre, la foule fut séparée violemment, et une femme éperdue, suivie par un