Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/235

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qu’elle redoutait. Après quelques hésitations elle se décida à écrire à sa mère et à la prier de la laisser revenir à Gargilier.

Mme Bonbeck fut si satisfaite de la flatterie d’Innocent qu’elle le garda jusqu’au lendemain matin. Coz fut chargé de le ramener au collège, où il fut reçu par l’annonce d’une retenue de récréation pour n’être pas rentré la veille. Il eut beau réclamer, le maître d’étude lui répondait toujours : « C’est le règlement ! je n’y puis rien changer. » Il se soumit en pleurant, et, de même que Simplicie, réfléchit avec douleur aux douceurs de la vie de famille dont il s’était privé, et aux ennuis pénibles que lui valaient son obstination et son ingratitude. Il réfléchit aux privations quotidiennes qu’il endurait, à l’heure matinale du lever, à la nourriture mauvaise et insuffisante, à la tyrannie des élèves, à la longueur des leçons, aux punitions infligées pour la moindre négligence, et il se repentit amèrement d’avoir forcé son père à l’envoyer dans cette maison d’éducation.