Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/24

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SIMPLICIE.

On dit que ma tante n’est pas très-bonne ; elle ne sera pas complaisante comme maman.

INNOCENT.

Qu’est-ce que cela fait ? Tu as déjà douze ans ; est-ce que tu as besoin qu’on te soigne comme un petit enfant ?

SIMPLICIE.

Non, mais…

INNOCENT.

Mais quoi ? Ne va pas changer d’idée, maintenant ! Puisque papa est décidé, il faut le laisser faire.

SIMPLICIE.

Oh ! je ne change pas d’idée, sois tranquille ; seulement, j’aimerais mieux que maman vînt à Paris avec nous.

Et les enfants allèrent dans leur chambre pour commencer leurs préparatifs de départ. Simplicie n’était pas aussi heureuse qu’elle l’avait espéré ; sa conscience lui reprochait d’abandonner son père et sa mère. Innocent, de son côté, n’était plus aussi enchanté qu’il en avait l’air ; ce que sa mère avait dit de la vie de pension lui revenait à la mémoire, et il craignait qu’il n’y eût un peu de vrai ; mais il aurait des camarades, des amis ; et puis il verrait Paris, ce qui lui semblait devoir être un bonheur sans égal.

Ils n’osèrent pourtant plus en reparler devant leurs parents, qui n’en parlaient pas non plus.