Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/277

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faire à présent, mon ami ? Où aller pour nous amuser ?… Mais parlez-donc, Où voulez-vous que j’aille ?

BOGINSKI.

Moi peut mener mâme, B… (Boginski s’arrête à temps) au café Musard. Très-joli ! Dames superbes ! Musique bonne ! Seulement…

MADAME BONBECK.

Seulement quoi… Parlez, donc, diable d’homme.

BOGINSKI.

Seulement, moi pas d’argent pour payer entrée.

MADAME BONBECK.

Je payerai, imbécile ! Donne-moi le bras et viens.

Mme Bonbeck, écumant de colère, saisit le bras de Boginski terrifié, descendit l’escalier quatre à quatre, traversa, les rues, longea les trottoirs en renversant tout sur son passage, et finit par se heurter contre un homme qui avait un cigare entre les dents.

« Doucement, la belle, » dit l’homme en étendant les bras et lui barrant le passage.

Mme Bonbeck le repoussa et voulut passer. L’homme, qui était un peu pris de vin, et qui, dans l’obscurité, croyait reconnaître sa sœur qu’il attendait, voulut l’attirer sous le réverbère pour se montrer à elle.

« Lâche-moi ! » cria Mme Bonbeck.

L’homme lui prit les mains. Mme Bonbeck les