Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/293

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et revint sans bruit prévenir Prudence que la voiture attendait à la porte.

« Emportons la malle à nous deux, dit Prudence.

— Moi porter seul, madame Prude ; malle lourd pour vous, léger pour moi. »

Et, chargeant la malle sur ses robustes épaules, il descendit lestement les cinq étages de Mme Bonbeck, suivi par Prudence et Simplicie. La peur d’être aperçues et arrêtées par Mme Bonbeck leur donnait des ailes ; leur terreur ne se dissipa que lorsqu’elles furent établies dans le fiacre, Coz sur le siège, la malle sur l’impériale.

Quand ils arrivèrent chez Mme de Roubier, il était huit heures. Le concierge, surpris de les voir de si bon matin, plus surpris encore de les voir décharger une malle et renvoyer la voiture, et reconnaissant le Polonais roux qui avait eu une scène violente avec un cocher quinze jours auparavant, hésitait à les recevoir.

« Mme de Roubier ne reçoit pas si matin, madame et mademoiselle. Ayez la bonté de revenir plus tard et de me débarrasser de cette malle dont je ne sais que faire.

PRUDENCE.

Et où voulez-vous que nous allions ? Où puis-je loger en sûreté ma jeune maîtresse, si Mme de Roubier ne la reçoit pas ?