Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/301

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MADAME DE ROUBIER.

Mais que voulez-vous que je fasse, ma pauvre femme ? Je ne peux pas vous garder chez moi ; je n’ai pas de quoi vous loger.

PRUDENCE.

Que madame veuille bien nous garder seulement la journée, et nous placer quelque part où mamzelle soit en sûreté jusqu’à ce que j’aie la réponse de monsieur.

MADAME DE ROUBIER.

Je vais tâcher de vous caser dans une chambre quelconque en attendant que vous ayez un logement convenable. Quant à vous garder chez moi, en compagnie de mes enfants, je vous dirai franchement que je ne le veux pas ; Simplicie est trop mal élevée, trop vaniteuse, trop égoïste et trop volontaire, pour que j’en fasse la compagnie de mes filles, de Sophie, ma fille d’adoption, et de Marguerite, la sœur adoptive de mes filles. Venez avec moi, je vais voir à vous établir quelque part. »

Mme de Roubier sortit, suivie de Prudence consternée des paroles de Mme de Roubier, et de Simplicie profondément humiliée de ces reproches si mérités. Mme de Roubier appela un valet de chambre, donna des ordres, et, après une courte attente, Prudence et Simplicie furent menées dans un petit appartement de deux pièces précédées d’une antichambre et d’une cuisine, habité ordinairement par