Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/303

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SIMPLICIE.

Tu as dit des choses ridicules et méchantes, et je te prie de te taire ; je ne veux plus t’écouter et je ne veux plus que tu me parles.

— Comme mamzelle voudra, » dit Prudence en soupirant et en essuyant une larme qui roulait le long de sa joue.

Un domestique ne tarda pas à apporter le déjeuner de ces dames ; c’était du café au lait avec des rôties de pain et de beurre. Simplicie mangea comme un requin malgré son chagrin et son irritation, et Prudence, malgré son inquiétude et sa tristesse, prit sa large part du déjeuner. Quand le domestique avait apporté le plateau, elle lui avait demandé de s’occuper du pauvre Coz et de le leur envoyer avec la malle quand il aurait déjeuné. Elles avaient à peine fini que Coz entra d’un air inquiet.

« Madame Prude, moi où demeurer ? Moi vouloir garder vous et mamzelle. Domestique me dire :

« Grand Polonais, pas entrer ; Polonais roux, pas rester. Pas connaître Polonais ; pas aimer Polonais. »

« Madame Prude, moi pas méchant, moi bon, moi rendre service, moi aimer madame Prude très-bonne, mamzelle triste et petite. Moi veux rester pour aider et servir madame Prude et mamzelle.