Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/335

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man Le bon Dieu nous a envoyé une quantité de malheurs. Et puis ma tante qui est si méchante ! Si j’avais su cela, je n’aurais jamais désiré venir à Paris. Je m’y ennuie à mourir ; on y est toujours enfermé ; on ne peut pas se promener et courir à son aise ; les rues sont crottées et pleines de monde ; on ne connaît personne. Je veux écrire demain à maman pour la prier de me laisser revenir à Gargilier. Veux-tu, Prudence ?

PRUDENCE.

Si je veux ! Oh ! mamzelle, je serai si contente ! C’est moi qui m’ennuie à Paris, allez ! je ne vous ai pas fait voir le chagrin que j’avais en m’en allant et celui que j’ai dans ce maudit Paris. Écrivez, écrivez, mamzelle ! Dieu de Dieu ! serai-je contente quand il faudra monter en voiture pour retourner là-bas ! Je ne regretterai qu’une chose à Paris ; c’est ce pauvre Coz, qui nous a été si utile et qui nous sert si bien et qui a vraiment l’air de nous aimer !

SIMPLICIE.

Pourquoi ne l’emmènerions-nous pas ?

PRUDENCE.

Impossible, mamzelle ; que dirait votre papa ? lui qui ne le connaît seulement pas ? Et puis Coz n’aurait rien à faire là-bas, il ne serait bon à rien. »

Coz avait entendu la conversation par la porte restée entr’ouverte ; il avait passé sa grosse tête rousse aux dernières paroles de Prudence, et il était