Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/343

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regarda de tous côtés, fit le tour du théâtre, et ne voyant pas ce qu’elle cherchait, elle reprit le bras de Boginski en jurant.

MADAME BONBECK.

C’est votre faute, nigaud ! Sans vous je les aurais eus.

BOGINSKI.

Comment, ma faute, mâme B… ?

MADAME BONBECK.

Certainement ! Votre sotte habitude de répéter à tout propos : « Mâme Bonbeck, mâme Bonbeck », a fait rire ces mauvais drôles ; je me suis fâchée, j’ai perdu de vue ma nièce et les autres, et ils se sont sauvés pendant que vous débitiez vos sottises.

BOGINSKI.

Bien sûr, mâme… mâme, moi pas recommencer.

MADAME BONBECK.

À la bonne heure ; je vous pardonne pour cette fois encore. Marchons un peu vite ; j’ai le sang au cerveau. Ces sottes gens, cette diable de Simplicie ! L’ai-je cherchée depuis ce matin !

Et Mme Bonbeck courait, courait d’un tel train, que Boginski avait peine à la suivre. Ils furent arrêtés deux fois par des patrouilles ; on les prenait pour des malfaiteurs qui se sauvaient. Une troisième fois, un sergent de ville, ayant la même pensée, leur barra le passage, et ne consentit à les laisser aller qu’à la condition de les accompagner jusqu’à