Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/349

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INNOCENT.

Au commencement, oui ; après, quand ils m’ont entendu tant crier, plusieurs, sont venus à mon secours et ils ont chassé les méchants garçons qui me frappaient toujours.

PRUDENCE.

Mais, mon pauvre Monsieur Innocent, vous ne pouvez pas rester dans cette caverne d’assassins ! ils vous tueront, mon pauvre petit maître ; ils vous tueront. Il faut sortir.

INNOCENT.

J’ai écrit à papa pour le supplier de me faire revenir à Gargilier ; j’attends sa réponse. C’est étonnant que je ne l’aie pas encore ! Et toi aussi, Simplicie, comme tu es changée ! Tu es très maigrie ; tes joues ne sont plus grosses. Et puis tes cheveux ! Pourquoi les as-tu coupés ?

Simplicie raconta à Innocent les événements qu’il ignorait et la fuite de chez sa tante.

« Tu vois, dit-elle en finissant, que je n’ai pas été beaucoup plus heureuse que toi ; j’ai aussi écrit à maman de me faire revenir ; si maman le veut bien, nous nous en retournerons ensemble. Dieu ! que je serai contente de me retrouver près de maman ! »

Et elle se mit à pleurer.

« Et moi donc ! Serai-je heureux d’être chez nous ! dit Innocent, qui pleura de compagnie avec sa sœur. Quel voyage, mon Dieu ! Quel bonheur de le voir fini ! »