Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/360

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père Frimousse ; je prie M. le chef d’institution de s’informer auprès de l’infirmière et auprès de mes camarades si on m’a vu manger ou distribuer une seule fois des friandises ; et si, au contraire, nous ne nous sommes pas étonnés de voir Oursinet revenir de chez le portier les mains et la bouche pleines à chaque récréation. Au reste, je déclare à monsieur le chef d’institution que si le mensonge et la déloyauté d’Oursinet ne sont pas prouvés, je suis prêt à tout payer, quoique je ne le doive pas, parce que je ne veux pas que le pauvre père Frimousse perde à cause de moi une somme aussi considérable.

— Vous êtes un brave garçon, monsieur, s’écria le portier. Si c’est M. Oursinet qui a voulu nous attraper vous et moi, il faudra bien qu’il me paye, car je m’adresserai à ses parents.

— C’est moi qui me charge de débrouiller votre affaire, père Frimousse, dit le maître ; mais à l’avenir je vous défends expressément de faire crédit, à aucun des élèves. Je vais m’occuper de l’enquête, monsieur Gargilier ; dans un quart d’heure je vous en rendrai compte. Attendez-moi tous ici. »

Le maître sortit, laissant dans l’anxiété les acteurs de la scène. Innocent avait peur que les élèves, par haine contre lui, ne rendissent de faux témoignages. Oursinet tremblait que les élèves, n’étant pas prévenus, ne disent l’exacte vérité, et que sa culpabilité ne fût par là clairement démontrée. Le père