Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/42

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çon d’écurie resté au pied de l’échelle, et du conducteur, qui la saisit par le bras.

« Poussez, cria le conducteur ; poussez, ou je lâche.

— Tirez, cria le garçon d’écurie ; tirez ou je tombe avec mon colis. »

Le conducteur avait beau tirer, le garçon avait beau pousser Mme Courtemiche restait au même échelon, appelait d’une voix lamentable son Chéri mignon.

« Le voilà, votre Chéri mignon, dit un voyageur ennuyé de cette scène. À vous, conducteur ! » ajouta-t-il en ramassant le chien et en le lançant sur l’impériale.

Le voyageur avait mal pris son élan ; le chien n’arriva pas jusqu’au sommet de la voiture ; il retomba sur le sein de sa maîtresse, que le choc fit tomber sur le garçon d’écurie ; et tous trois roulèrent sur les bottes de paille placées là heureusement pour le chargement de la voiture, entraînant avec eux le conducteur, qui n’avait pas pu dégager son bras de l’étreinte de Mme Courtemiche. La paille amortit le choc ; mais le chien, écrasé par sa maîtresse, redoublait ses hurlements, le garçon d’écurie étouffait et appelait au secours, le conducteur ne parvenait pas à se dégager du châle de Mme Courtemiche, des pattes du chien et des coups de pied du garçon ; les voyageurs riaient à gorge déployée de la triste