Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/48

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Innocent et Simplicie, placés en face de Prudence, de Mme Courtemiche et de son chien, étaient plus effrayés qu’amusés de tout ce qui s’était passé depuis qu’ils étaient installés dans la diligence. Le chien leur causait une grande terreur, sa maîtresse plus encore. Ils se tenaient blottis dans leur coin, ne quittant pas des yeux Chéri mignon, toujours prêt à montrer les dents et à s’en servir ; Mme Courtemiche leur lançait des regards flamboyants, ainsi qu’aux Polonais, qu’elle prenait pour des assassins, des égorgeurs.

Mme Courtemiche gardait son chien sur ses genoux ; Prudence, se voyant plus à l’aise, se calma entièrement ; fatiguée de ses dernières veilles pour les préparatifs du départ, elle s’endormit ; Innocent et Simplicie fermèrent aussi les yeux ; le silence régnait dans cet intérieur si agité une demi-heure auparavant. Chacun dormit jusqu’au relais ; il fallait encore deux heures de route.

Mais pendant ce calme, ce silence, Mme Courtemiche seule veillait Chéri mignon flairait des provisions dans le panier que Prudence avait placé par terre sous ses jambes ; il luttait depuis quelques instants contre sa maîtresse pour s’assurer du contenu du panier. Mme Courtemiche l’avait péniblement retenu tant qu’un œil ouvert pouvait le voir et le dénoncer. Mais quand elle vit le sommeil gagner tous ses compagnons de route, elle ne résista