Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/70

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retrouvait pas sur elle la lettre que M. Gargilier lui avait remise pour sa sœur.

La terreur de Prudence gagna les enfants ; ils se mirent à pleurer. Le cocher s’impatientait ; les Polonais ne bougeaient pas ; un nouvel espoir se glissait dans leur cœur. Prudence serait obligée de coucher dans un hôtel, ils lui offriraient de la garder jusqu’à ce qu’elle eût retrouvé la tante perdue et ils vivraient jusque-là sans rien dépenser.

« Que faire ? où aller ? s’écria Prudence éperdue.

— Malheureux voyage ! s’écria Simplicie.

— Où coucherons-nous ? s’écria Innocent.

— Ça pas difficile, dit un des Polonais. Moi connaître hôtel excellent pour coucher et manger.

— Excellents Polonais ! sauvez-nous. Menez-nous dans quelque maison où mes jeunes maîtres soient en sûreté ; et ne nous quittez pas, ne nous abandonnez pas.

— Rue de la Clef, 25, s’écrièrent les Polonais en sautant dans le fiacre.

— C’est diablement loin, » murmura le cocher en refermant la portière avec humeur.

Le fiacre se mit en route ; Prudence, tranquillisée par la présence de ses sauveurs, se mit à regarder avec une admiration croissante les boutiques, les lanternes, le mouvement incessant des voitures et des piétons.

Le cœur des Polonais nageait dans la joie ; leur