Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/112

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ventes ;

c’est la seule profitable aux autres et à soi-même… M. Naudet attend ta lettre pour partir[1] : tu feras bien de lui payer largement son voyage ; il est très gêné. Je recommande à Émile de ménager mon pauvre Gris et de le mener sagement, comme un cheval qu’on veut conserver ; ce n’est pas un coureur et il n’est pas plus entraîné que ne l’était la pauvre Jenny[2], qui aurait duré vingt ans avec un maître sage.



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À LA VICOMTESSE ÉMILE DE PITRAY


Paris, 12 avril 1860.


Je suis très contente que votre décision soit prise quant au bâtiment neuf; raconte à M. Naudet les dimensions de tout, afin que je sache comment vous serez ; j’aime l’espace, le confortable, mais pas l’excès du bien qui tombe dans le luxe des grands châteaux de millionnaire.

As-tu su que le meilleur domestique des R… les quitte, parce qu’il ne veut plus porter la livrée qui le déshonore depuis treize ans? Celui-là veut faire partir les autres ; c’est une débandade dans la maison ; j’avoue que j’ai la méchanceté d’en être enchantée ; voilà ce que c’est que de garder de méchantes gens qu’on paye mal et qui, après avoir

  1. Afin de nous donner des conseils pour choisir l’emplacement de notre habitation nouvelle.
  2. Cette excellente jument avait été surmenée par mon mari, qui avait dû s’en défaire, sa santé étant perdue.