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À LA VICOMTESSE ÉMILE DE PITRAY


Paris, 3o avril 1862.


Chère petite… Ce qui est ennuyeux, c’est la haine normando-corse établie entre le camp Leuffroy[1] et le camp Marais[2]. Je tâcherai de séparer leurs intérêts et leurs relations forcées, le plus possible. Je suis enchantée que tes douleurs ne soient pas revenues, mais sèvre tout doucement le plus tôt possible. Je ne t’ai pas expédié les bouteilles, parce qu’ils m’ont envoyé autre chose de la pharmacie, en me fesant dire que « c’était à peu près du même effet. » Mais l’à-peu-près ne peut aller en fait de médecine… Adieu, chère minette, je t’embrasse bien tendrement ainsi que les chers enfans… Mlle *’*, éprise du jeune L…, s’est enfuie de chez ses parents qui voulaient la marier à un autre. Elle est chez une vieille tante ; elle fait des sommations respectueuses pour épouser le jeune L… dans deux mois; les parents sont absurdes et furieux ; ils ne veulent pas même lui donner des brodequins et une chemise de rechange ; elle a vingt-deux ans ; il y a quatre ans qu’elle aime L… et veut l’épouser.

  1. Le jardinier des Nouettes, un parfait serviteur.
  2. Le garde des Nouettes.