Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/222

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une perte de temps, mais la susceptibilité de mon foie et la mauvaise disposition où je me trouve, me rendent lâche ou prudente, comme tu voudras; et je retourne tout droit à Paris le i5 décembre. Cette résolution m’a coûté, de même qu’il m’en coûte beaucoup de ne pas m’en aller avant la fin du mois pour revoir Nathalie avant ce long et dangereux voyage par le mont Cenis et cette absence d’au moins dix-huit mois. Je suis ici aussi bien que je peux l’être hors dé’ chez moi, privée de mes habitudes, de la messe, du Saint-Sacrement, de ce qui m’aide à vivre selon mon goût. J’ai craint ces jours-ci d’avoir un abcès où quelque chose d’analogue à ce que j’ai eu l’année dernière; mais depuis hier, je suis certaine de n’avoir que du rhumatisme. Il fait depuis trois jours un temps atroce, brouillard à ne pas y voir à dix pas, ou pluie battante. Ce grand château n’est pas chaud malgré des feux énormes; mais j’aime mieux l’absence de chaleur, qu’une atmosphère trop échauffée.

J’avance assez rapidement mon Petit Bossu qui arrive à cent quatre-vingt-dix pages et que j’espère terminer ici. Élisabeth le trouve charmant et amusant; mais il a besoin d’être revu et corrigé, car le défaut d’idées et de plan au commencement du livre, amène des incohérences qui doivent disparaître….

Adieu, chère bonne petite, je t’embrasse bien tendrement avec Émile et les chers enfans.


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