Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/233

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enfans… On m’a dit que vous croyez là-bas que Louis… s’est battu ; pas apparence; c’est un capitaine de son régiment, le vicomte de P…, qui a injurié, souffleté douze fois au spectacle un inoffensif négociant. Ledit négociant, outré, l’a saisi à la gorge et l’a si bien serré que le capitaine est devenu tout noir; les spectateurs applaudissaient à outrance ; ce n’est que lorsqu’on l’a vu immobile qu’on l’a arraché à l’étreinte passionnée de son adversaire ; on l’a emporté inanimé et il a été longtemps à revenir à lui. C’est son colonel qui nous l’a raconté et Louis m’a confirmé l’histoire. Le colonel lui a écrit (en le mettant aux arrêts forcés pour un mois, je crois) qu’il se battrait avec celui qu’il avait souffleté ou qu’il quitterait le régiment…

Comment va l’instruction de Jeanne ? Commence-t-elle la haute littérature et la calligraphie ? Et Jacquot, que fait-il ? Aime-t-il toujours à travailler ?…



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À LA VICOMTESSE ÉMILE DE PITRAY


Paris, 28 mars 1865.


Chère petite, toujours des mots jusqu’à ce que j’aie fini mes deux Jean ; ils en sont à la page 175 et j’espère beaucoup finir dans quinze jours, avant Pâques. Dans tes compositions ne ménage pas le papier ; dis à M. Anneau[1] d’écrire en caractères

  1. A qui je dictais mon livre