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AU VICOMTE ÉMILE DE PITRAY


Kermadio, 3 avril 1871.


… Mon cher Émile…

Je reçois ce matin ta réponse télégraphique du 3o qui m’annonce que je puis envoyer chercher Jacques; je n’y comptais plus. Gaston a vite écrit au Père en envoyant Urruty, qui connaît Poitiers et la maison des Jésuites ; il est parti il y a une heure. Je suis très reconnaissante de ton sacrifice et de celui d’Olga et des pauvres enfans, mais fort combattue dans ma joie par la privation que je vous impose et que je n’aurais jamais demandée ni acceptée si complète; je demandais Jacques un ou deux jours dans le cas où sa vacance eût été de quinze à seize jours comme on le disait à Auray ; et je ne demandais à l’envoyer chercher que dans le cas où un événement imprévu devait t’empêcher de profiter de son congé dehuitjours. Gaston le ramènera à Poitiers mardi, comme il en a prévenu le Père auquel il le remettra lui-même pour faire pardonner ces quelques heures de retard. La nouvelle de son arrivée prochaine a répandu la joie dans la maison; le petit Armand surtout ne se possède pas de joie. On a déjà arrangé plusieurs parties pour voir les choses curieuses du pays : le champ des martyrs, où sont les ossemens des vaincus de Quiberon, dans un monument bâti par la duchesse d’Angou-lême. Charles de Lamoignon, le colonel de Som-breuil, etc., avec 800 autres martyrs, sont inscrits