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À LA VICOMTESSE ÉMILE DE PITRAY


Kermadio, 21 juin 1872.


Chère petite, Mme X…[1] n’est pas aussi malade qu’elle en a l’air ou la parole… une quinzaine de courses et haltes fatigantes prouvent que son mal est l’ennui et que lorsqu’elle court et s’amuse, elle a de la force et de la santé… Ils[2] sont enchantés (de leur terre), malgré le pronostic de Mlle F…[3], qui assurait que Mme X… n’y resterait pas ; il n’y a pas de chauffe-assiettes pour les repas ; comment vivre sans chauffe-assiettes ? Surtout quand on est de l’illustre race des F… et C<small<ie. Nous autres vilains, à la bonne heure ; mais une F… entourée des grandeurs d’une bonne pour tout service, de ses jambes ou d’un rare fiacre pour tout transport, comment subir une telle privation ? Heureusement, Mme X…, toujours grande, toujours humble et douce, se trouve satisfaite de sa terre sans chauffe-assiettes, sans chaises percées (une seule pour elle seule !), etc., etc., etc. Tout va donc au mieux… Je vais mieux ; mes jambes sont un peu revenues à la vie ; peut-être reviendront-elles tout à fait… Adieu, ma chère petite, je t’embrasse bien tendrement avec tout ton monde…



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  1. Une voisine de campagne de ma sœur.
  2. Cette voisine et son mari.
  3. La dame de compagnie de cette voisine.