Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/79

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rudes sont les meilleurs pour une âme indisciplinée comme la mienne. Alors commencera la seconde partie de ma vie conjugale, interrompue par un entr’acte de quelques étés, ou même de quelques années ; et alors Anatole entrera en possession des Nouettes ou bien elles changeront de dynastie, subissant ainsi le sort commun et fréquent de tout ce qui est français. — J’ai reçu ce matin une lettre d’Élise qui me reproche avec raison mon silence involontaire ; je sers souvent de secrétaire à Gaston pendant que l’abbé Bayle lui fait des copies et lui prend des notes pour un ouvrage sur la Vie Intérieure qu’ils sont en train d’élaborer. Je regrette que tu n’aies pas connu l’abbé Bayle ; quel excellent homme, prêtre et secrétaire ! Ce serait le beau idéal de Gaston ; toutes les qualités de l’abbé X…, aucun de ses défauts et un ensemble parfait. Tu sais que je ne donne plus de bulletin de ma santé, pour cause de guérison parfaite. Le petit Louis a eu la fièvre ces trois derniers jours ; aujourd’hui il va mieux… X… déteste Paul comme second de Persigny, qu’il hait, et ce n’est pas sa femme qui fera virer de bord ce pacha à trois queues, sans cœur et sans cervelle… Ton cheval va très bien, et se promène pour sa santé ; nous ne nous servons jamais des chevaux, sauf le jour de la foire de Laigle. Quel bel et noble et charmant article a fait Louis Veuillot aujourd’hui ! Je vais lui écrire. Adieu, ma bonne petite chérie ; je t’embrasse tendrement et je baise tout doucement la petite figure enflée de mon pauvre cher Jacquot….



――――