Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/95

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temps, et je veux faire aujourd’hui un immense courrier pour ne pas avoir de remords pendant quelques jours, au moins….

J’écris à Élise pour la défense faite à l’Univers d’insérer les mandemens des Évèques ; le pauvre Empereur, en attaquant le corps des Évêques (car l’insulte est pour eux), ne voit pas qu’il fait la part du diable à Victor-Emmanuel son ami et à sa propre famille et dynastie. Ces deux aveugles travaillent pour la révolution, le socialisme et l’impiété ; le Pape les gêne comme chef delà religion de Jésus-Christ; et les infortunés font, sans le vouloir (mais non sans le savoir), les affaires du diable, ce grand perturbateur de tout ce qui est ordre, sagesse et bien. Pauvre Empereur ! Il avait si bien commencé! Que n’a-t-il continué jusqu’à la fin sa direction ferme, sage… et hypocrite; il paraît clairement démontré qu’il a attendu le moment et que sa vraie pensée est celle exprimée dans quelques discours révolutionnaires et dans sa lettre à Edgard Ney. Le pauvre petit prince, qui est si gentil, fait de la peine; quel avenir lui fait son père! C’est bien le cas ou jamais d’acheter des terres.

Adieu, chère enfant.



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À LA VICOMTESSE ÉMILE DE PITRAY


Les Nouettes, 22 octobre 1859.


Merci de ta lettre, mon enfant ; elle m’a un peu rassurée sur toi, mais ne te fatigue pas ; tu vois combien tu es faible encore et susceptible ! il te