Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/129

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Hélène.

Je n’avais pas l’intention de manquer de respect à papa, mais je suis si peinée de voir mon frère si mal agir, et le pauvre Blaise tant souffrir !…

M. de Trénilly.

Souffrir ? Tu crois qu’il souffre ? Laisse donc, il n’y pense seulement pas.

Hélène.

Je l’ai pourtant souvent trouvé tout en larmes, pendant qu’il travaillait et qu’il était tout seul, et il cherchait à me le cacher et à sourire quand il me voyait, et un jour je lui ai demandé pourquoi il pleurait ; il m’a répondu que c’était parce qu’il ne pouvait rencontrer aucun de ses camarades sans qu’ils lui dissent qu’il était un voleur, un menteur, un malheureux ; et personne ne veut ni jouer ni se promener avec lui.

— Il n’a que ce qu’il mérite », dit sèchement M. de Trénilly.

Hélène ne répondit plus ; elle sentit qu’elle ne ferait qu’irriter son père en continuant à défendre Blaise, et elle se retira dans sa chambre pour travailler seule comme d’habitude.

Les poulets devenaient grands et forts ; Hélène avait décidé avec Blaise qu’ils pouvaient se passer de la poule, et qu’on les porterait dans la cour du château, où ils coucheraient dans une niche de chien qui se trouvait vide. Le lendemain, Blaise