Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/140

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sait revenir des noyés en les couvrant de cendre tiède ; il y a un grand tonneau dans la buanderie, ici tout près : plongeons-les dedans jusqu’à demain ; en tout cas, cela ne leur fera pas de mal, et peut-être… qui sait… la cendre tiède, en les réchauffant, les ranimera-t-elle.

— Essayons, dit Hélène ; il sera toujours temps de les enterrer demain. »

Hélène et Blaise prirent chacun deux poulets ; ils les portèrent à la buanderie, où ils trouvèrent effectivement un tonneau de cendres ; on venait d’en remettre de toute chaude. Blaise creusa quatre trous, Hélène y mit les poulets, Blaise les recouvrit de cendre jusqu’à la tête, ne laissant passer que le bec et les yeux. Ils fermèrent ensuite la buanderie et s’en allèrent chacun chez eux. Hélène fort triste de la mort de ses jolis Crève-cœur, et Blaise fort triste du chagrin d’Hélène, tous deux peinés de la méchanceté de Jules. Quand Hélène revint dans sa chambre, elle y trouva Jules qui l’attendait avec un peu d’inquiétude, pour savoir ce qu’avait dit son père.

« Tu m’as encore fait une vraie peine, Jules, lui dit-elle, et tu as encore fait une méchanceté au pauvre Blaise.

— Moi, une méchanceté ? répondit Jules d’un air innocent ; qu’ai-je donc fait, Hélène ? tu m’ac-