Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/153

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cher de leur en vouloir de leur injustice, surtout à M. Jules, et je me sentirais de la colère, de la haine peut-être. Et comment pourrais-je faire ma première communion et recevoir Notre-Seigneur, si je ne pardonne de bon cœur à ceux qui m’ont fait du mal ? Notre-Seigneur a bien pardonné à ses bourreaux ; il a même prié pour eux. Je veux tâcher de faire comme lui.

— C’est bien, ce que tu dis là, mon Blaisot, lui dit son père en l’embrassant. Tu es plus sage que moi et ta mère… C’est qu’il ne nous est pas facile de pardonner à ceux qui ont fait du mal à notre enfant, qui l’ont fait passer pour un voleur, un méchant, un…

— Papa, papa, je vous en prie, dit Blaise d’un air suppliant, ne parlez que de Mlle Hélène, qui a été si bonne pour moi.

— Ah oui ! celle-là est une bonne demoiselle ! on ne risque rien d’en parler ; pas de danger de dire une méchanceté. »

« Une lettre », dit le facteur en entrant un matin. Et il en remit une à Anfry, qui l’ouvrit et lut ce qui suit :

« Tenez le château prêt pour nous recevoir, Anfry ; j’arrive avec mon fils lundi prochain. Soignez particulièrement la chambre de Jules, qui est souffrant depuis une chute de cheval. Je vous salue.

« Comte de Trénilly. »