Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/184

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Jules.

Pourquoi restes-tu là à ne rien faire ? Commence donc !

Blaise.

Je croyais, monsieur Jules, que vous vouliez vous amuser à le faire vous-même.

Jules.

Moi-même ? Tu crois que je vais m’abîmer les mains à couper des bâtons d’osier, me salir les doigts à coller des papiers, me fatiguer et m’ennuyer à arranger tout cela ? C’est pour que tu le fasses que je t’ai fait venir ; je m’amuserai à te regarder faire. »

Blaise ne fut pas content du ton méprisant de Jules et il eut un instant la pensée de le laisser là et de s’en aller.

« Mais non, se dit-il ; ce serait de l’orgueil ; je suis le serviteur, c’est certain ; je dois faire les volontés des maîtres et souffrir les humiliations. Tant pis pour M. Jules, s’il est égoïste et dur ; tant mieux pour moi, si je le sers avec soumission et patience. »

Tout en faisant ces réflexions, il déployait les feuilles de papier, et préparait l’osier pour l’attacher en forme de cœur. Il passa une grande heure à faire ses préparatifs, à coller les feuilles et à les fixer sur les baguettes d’osier. Quand il eut fini de tout coller, qu’il n’y eut plus qu’à faire la