Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/219

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus, adoucissait un peu le coup terrible porté à son amour et à son amour-propre de père. Plus il découvrait l’iniquité de Jules, plus il aimait et admirait la charité, la bonté si chrétienne de Blaise. Dix fois par jour il le serrait contre son cœur, il l’arrosait de ses larmes, et lui redemandait pardon pour Jules et pour lui-même. Blaise baisait les mains du comte, l’encourageait, le consolait, lui parlait du bon Dieu, lui enseignait la prière du cœur, la vraie prière du chrétien. Quand il ne pouvait calmer le désespoir du comte, il se mettait à genoux près de lui et disait tout haut les prières les plus touchantes, qui finissaient toujours par diminuer l’agitation du comte et lui rendre l’espérance.

L’état de Jules était le même depuis six jours : tantôt de l’amélioration, tantôt une reprise de délire et de fièvre. Le septième jour, après un sommeil de trois heures, dont avaient profité le comte et Blaise pour s’assoupir dans leurs fauteuils, Jules s’éveilla et appela Blaise comme de coutume.

« Me voici, monsieur Jules, dit Blaise en sautant sur ses pieds et prenant sa main.

Jules.

Ah ! Blaise, c’est toi ! Je suis content ! J’avais tant besoin de te voir et de te parler. Pauvre Blaise ! j’ai été méchant pour toi ! Comment peux-tu me pardonner ?