Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/227

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il répondait à l’étreinte passionnée de son père en le couvrant de larmes. Le comte eut peur en le voyant ainsi pleurer ; mais ces pleurs étaient un baume pour l’âme malade de Jules ; ces larmes le soulageaient.

« Papa ! papa ! laissez-moi pleurer ! dit Jules retenant son père, qui cherchait à s’éloigner, pleurer dans vos bras !… Quel bien me font ces larmes ! Comme je me sens mieux ! Quel soulagement, quel bonheur de n’avoir plus rien à vous cacher, de savoir que vous connaissez la vérité, toute la vérité ! Pauvre Blaise !

— Oui, pauvre Blaise en effet ! Mais à l’avenir nous l’aimerons tant, nous tâcherons de le rendre si heureux, qu’il ne sera plus le pauvre Blaise ! Je lui ai de grandes obligations, car c’est à lui que je dois le changement de mon cœur, que je dois de savoir aimer Dieu et prier. Et toi aussi, mon fils, mon cher fils, c’est lui qui le premier t’a donné des sentiments de repentir ; il t’a touché par sa patience, sa charité, sa générosité, son admirable humilité.

— C’est vrai, papa ! Mais vous savez donc tout, ajouta Jules en souriant.

— Tout, mon ami, tout, dit le comte, enchanté de ce sourire, le premier qu’il eût vu sur les lèvres de Jules depuis plusieurs semaines. Et à présent que tu es tranquille sur mes sentiments à ton