Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/243

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— Est-ce qu’on te demande de les payer, farceur ? répondit le domestique. On les portera sur le compte de M. Jules.

— Mais non, ce ne serait pas honnête ; M. Jules me gronderait, et il aurait raison.

— M. Jules ne le saura pas, nigaud.

— Il faut bien qu’il le sache, puisqu’elles seront sur son compte.

— Est-il innocent, celui-là ? On ne les portera pas sur le compte de M. Jules ; si le cent a coûté trois francs, on mettra : demi-cent de billes, trois francs. Voilà comme les tiennes seront payées par les siennes.

— Ce que vous voulez me faire faire, monsieur, est tout simplement un vol. Je ne prêterai jamais les mains à une friponnerie, quelque petite qu’elle soit. Le bon Dieu me retirerait sa protection ; c’est alors que je serais malheureux et méprisable.

— Voyez-vous ce bel excès de vertu qui prend à monsieur Blaise ! Tu as oublié les friponneries de l’année dernière.

— Je n’ai pas commis de friponneries, répondit Blaise avec calme et dignité. Le bon Dieu m’a toujours protégé contre le mal.

— Tiens, va-t’en avec ta morale, tu nous ennuies à la fin. Ce que je te disais était pour rire ; tu l’as pris au sérieux comme un nigaud.