Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/276

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lène, mais encore je les éviterai, je les fuirai, s’il le faut…

Jules.

Nous fuir ? Ah ! Blaise ! tu ne m’aimes donc pas ?

Blaise.

Si vous saviez ce qu’il m’en coûte, cher monsieur Jules ! De grâce, je vous le demande avec instance, n’ébranlez pas ma résolution ; aidez-moi, au contraire, à la tenir. Mais, voici la pensée que m’a suggérée le bon Dieu, ou tout au moins mon bon ange. M. le comte n’est pas obligé d’obéir à Mme la comtesse, lui qui commande, qui est le maître. Alors, monsieur le comte, vous viendrez me voir, et vous amènerez quelquefois M. Jules et Mlle Hélène, n’est-ce pas ? Pardonnez-moi si j’en demande trop ; c’est que je ne vous cache pas mes pensées, et il me semble que celle-ci n’est pas coupable ni pour moi, ni pour M. Jules, ni pour Mlle Hélène.

— Ni pour moi, dit le comte en riant. Oui, mon ami, ta pensée est bonne, et je la mettrai à exécution ; je viendrai te voir souvent, très-souvent, et j’amènerai parfois mes prisonniers, à moins qu’ils ne m’échappent en route.

Jules.

Oh ! moi, je m’échapperai bien sûr, mais ce sera pour courir au-devant de Blaise.