Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/283

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

À peine Blaise avait-il fini et lu tout haut sa lettre, qu’un domestique entra chez Anfry.

« Mme  la comtesse demande Blaise.

— Moi ? Mme  la comtesse me demande ? répéta Blaise fort étonné.

— Oui, oui, et tout de suite encore. « Allez me chercher Blaise, m’a-t-elle dit, et amenez-le-moi le plus vite possible. »

— Qu’est-ce que cela veut dire ? dit Anfry avec inquiétude. Vas-y, mon Blaisot ; va, tu ne peux faire autrement,… et reviens vite nous dire ce qui se sera passé, car je ne suis pas tranquille.

— Ne vous tourmentez point, papa ; que voulez-vous qui m’arrive ! Et quand même il m’arriverait des choses pénibles, le bon Dieu n’est-il pas là pour me protéger, me secourir, et ne dois-je pas être heureux de me conformer à sa volonté ? À revoir, papa ; je resterai le moins que je pourrai. »

Blaise partit gaiement et se dépêcha d’arriver pour être plus vite revenu. On le fit entrer immédiatement chez la comtesse, qui l’attendait avec impatience. Il salua ; la comtesse lui fit un petit signe de tête, renvoya le domestique, s’assit et dit à Blaise, d’un air froid et hautain :

« Je sais que tu as profité de mon absence pour t’emparer de l’esprit de mon mari et de mon fils ; tu as réussi on ne peut mieux ; je ne vois que des