Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/346

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il entra chez Jules, s’approcha du comte, et, se mettant à genoux devant lui et malgré lui, il lui dit :

« Monsieur le comte, je viens vous demander votre bénédiction ; je vous la demande comme une faveur, comme une preuve de l’amitié dont vous voulez bien m’honorer ; en la recevant, je croirai recevoir celle d’un père vénéré et chéri ; bénissez-moi, cher monsieur le comte, bénissez le pauvre Blaise, qui sera toujours le plus dévoué, le plus respectueux de vos serviteurs, et qui priera tous les jours le bon Dieu pour votre bonheur éternel.

— Cher enfant, dit le comte en le relevant et le serrant dans ses bras, reçois la bénédiction d’un chrétien que tu as ramené au bon Dieu, d’un père dont tu as sauvé le fils unique et bien-aimé. Je te la donne du fond de mon cœur. Je fais le serment de t’aimer toujours d’une affection toute paternelle, de veiller à ton bien-être, à ton bonheur. Jules, mon fils, viens embrasser ton frère, plus que jamais ton frère en Dieu, aujourd’hui que tu recevras à ses côtés le Seigneur, qui est notre Père à tous. »

Jules se précipita dans les bras de Blaise ; ils se promirent une amitié fidèle et un constant souvenir devant le bon Dieu.

« Il est temps de partir, dit le comte ; Jules, prends ton livre ; et voici le tien, mon ami,