Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/364

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rende !… Oh ! oui ! Je prierai tant, tant pour vous, que le bon Dieu m’exaucera. Il est si bon ! »

Le comte chercha à calmer l’émotion de Blaise ; quand il y fut parvenu, il rappela aux enfants que l’heure des vêpres approchait.

« Il ne faut pas qu’on voie que j’ai les yeux rouges, dit Blaise ; on croirait que j’ai du chagrin. Du chagrin un pareil jour ! cela ne se peut ! Tout est bonheur pour moi. Mon cœur est si plein que je crois par moments qu’il va se briser. Amour de mon Dieu, amour pour ses créatures, c’est plus que je ne puis supporter.

— Calme-toi, mon enfant ! Le bon Dieu veut te payer de ce que tu as souffert, et récompenser ta patience dans les peines qu’il t’avait envoyées. Tu le remercieras à l’église, et nous joindrons nos remerciements aux tiens. »

Ils s’acheminèrent tous vers le village, qui avait conservé son air de fête ; les cloches sonnaient à grande volée ; de tous côtés on voyait des groupes silencieux et recueillis se diriger vers l’église. Chacun saluait le comte et la comtesse à leur passage. L’office du soir se termina par la bénédiction du saint sacrement, et cette belle et heureuse journée laissa des impressions chrétiennes et salutaires dans plus d’un cœur rebelle jusque-là à l’appel du bon Dieu.