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IV

Le Chat-fantôme


Blaise était courageux ; il n’avait pas peur de l’obscurité, et, quand il faisait beau, il aimait à se promener tout seul, le soir, dans les prairies traversées par un joli ruisseau.

Qu’est-ce qui lui plaisait tant dans la prairie ?

D’abord il était seul, il allait où il voulait ; ensuite, en suivant le chemin qui bordait le ruisseau, il voyait une longue rangée de fours à plâtre creusés dans la montagne qui borde les prés et la grande route. Ces fours étaient en feu tous les soirs ; il en sortait des gerbes d’étincelles ; les hommes occupés à enfourner du bois dans ces brasiers lui semblaient être des diables au milieu des flammes de l’enfer. Un autre enfant aurait eu peur, mais Blaise n’était pas si facile à effrayer ; il s’arrêtait et regardait avec bonheur ces feux allumés, ces longues traînées d’étincelles, ces hommes armés de fourches attisant le feu. Il sui-