Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/97

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et d’ingratitude ; et tirez-vous d’affaire comme vous pourrez.

— Non, je ne veux pas ! s’écria Jules, qui craignait de grelotter dans ses beaux habits mouillés. Je me déshabillerai à la maison. »

Blaise aurait pu reprendre de force ses habits, mais il ne voulut pas infliger cette punition à Jules, et, sentant le froid le gagner, il se mit à marcher bon train pour entrer chez lui, sans faire attention aux cris de Jules qui suivait de loin en traînant ses sabots et criant : « Attends-moi, attends-moi, méchant égoïste ! voleur, rends-moi mes habits ! je te les ferai reprendre par papa. Tu vas voir ce que je vais lui raconter ! »

Blaise rentra chez son père par une petite porte du parc, pendant que Jules revenait chez lui honteux et inquiet. Les sangsues étaient tombées en route, et le sang qui coulait des piqûres lui inondait le visage.

Son père était à la porte quand il le vit entrer dans ce pitoyable état.

Le comte.

Qu’as-tu, Jules, mon garçon ? Tu es blessé ?

Jules.

C’est Blaise, papa ; c’est sa faute.

Le comte.

Encore ce petit misérable ! J’avais raison de ne pas vouloir te laisser aller avec lui. Mon pauvre enfant, dans quel état tu es !