Page:Selden – Les Derniers Jours de Henri Heine, 1884.djvu/20

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secrète que celui-ci se croyait obligé d’entretenir. Les visiteurs non salariés étaient presque tous, comme ceux-ci, des débris du passé, des naufragés de la politique et de l’amour, des membres de cette société un peu interlope que Heine nommait spirituellement « le demi-monde princier ». La princesse Belgiojoso, retour de Brousse, venait quelquefois chez Heine, pour lui narrer les souffrances d’un estomac avarié qui ne pouvait plus se nourrir qu’à minuit, et avec des aliments à la glace ; la princesse W…, une autre ruine, celle-là, débarquée de Weimar, sentant la pipe, arrivait les mains pleines de petites brochures en l’honneur du dieu qu’elle encensait, et qui se laissait faire. Je me rappelle encore avoir rencontré chez Heine deux femmes du même temps et du même monde, une Anglaise qu’il me désigna comme le modèle de lady Mathilde, des Reisebilder, enfin la fameuse marraine de « l’enfant du siècle », la confidente