Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/272

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comprimer en elle toute supériorité naissante et, de ce qu’elle est femme et vouée au métier de femme, on ne se croit pas, nécessairement, tenu à la condamner à l’ignorance, à la confiner dans son infériorité native ; on ne lui demande que de ne point négliger pour cela ses devoirs naturels, et on ne la blâme que si, ayant un mari et des enfants, elle cesse d’être épouse et mère. Ainsi vécut et pensa Élizabeth Barret Browning, morte il y a six ans, aussi admirable par sa conduite privée que par son talent public, aussi noble de caractère que d’esprit. Après de grands malheurs, de longues études et une jeunesse irréprochable, elle avait épousé un homme digne d’elle, poëte aussi, et qui l’adorait. On trouvait en elle une helléniste accomplie, versée dans toutes les connaissances, passionnée pour toute science, maîtresse des principales langues et de toutes les grandes littératures anciennes et modernes. Mais on trouvait aussi en elle une femme dévouée, attachée, comme la plus ordinaire des ménagères, au bonheur des siens et aux devoirs de sa maison. Ce qui lui a manqué, c’est la santé, c’est la force physique. Son corps était trop faible pour son âme ; les nerfs détraqués et endo-