Page:Semaine religieuse du diocèse de Nantes du dimanche 26 septembre 1869.djvu/3

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 458 —

nion de vieillards, distingués par leurs vertus et par leur science, venus de tous les points de l’univers pour discuter sur de graves questions, n’est point un événement ordinaire et sans portée.

Tous s’occupent donc du Concile ; tous ont les yeux tournés vers Rome. Cependant bien peu se font une idée précise d’une semblable assemblée, de sa nature, de son autorité, de l’action qu’elle peut et doit exercer sur le monde. Si l’on excepte les ecclésiastiques et ceux des fidèles qui ont fait une étude approfondie de la constitution et de l’histoire de l’Église, on ne trouve à peu près personne qui ne tombe dans quelque erreur sur cette matière. Il ne faut pas s’en étonner. Les bons catholiques, que l’annonce du Concile a vivement réjouis, et qui sont prêts à en écouter la voix comme celle de Dieu même, ne peuvent avoir la notion distincte d’un fait qui ne s’est pas produit depuis trois cents ans. Les incrédules ne savent que blasphémer ce qu’ils ignorent, ou tourner en ridicule, sans nul respect pour la liberté des consciences, les convictions et les espérances des chrétiens. Les journaliste, en dehors de la presse catholique, parlant de tout sans idées nettes, sans préparation, souvent sans études, ne font que rendre l’ignorance encore plus grande. On a peine à s’imaginer quelles erreurs grossières commettent sur ce point les rédacteurs et les correspondants des journaux, même de ceux qui se donnent pour les plus sérieux et les mieux informés. Il faudrait parfois un volume pour réfuter un seul de leurs articles ; ils le savent, et c’est ce qui fait leur force. Ces journaux sont lus par des gens qui, ne pouvant contrôler leurs assertions, sont jetés nécessairement dans l’ignorance ou dans le doute.

Cet état de choses et les conséquences déplorables qu’il entraîne ont engagé plusieurs écrivains catholiques à composer sur les conciles œcuméniques des ouvrages dont on ne peut trop recommander la lecture. En même temps, de nombreux évêques ont élevé la voix ; dans leurs mandements, leurs instructions pastorales, leurs lettres, ils ont fait connaître à leurs ouailles les enseignements de la vérité ; quelques-uns d’entre eux ont publié des livres remarquables par le talent avec lequel ils sont rédigés et revêtus en outre de l’autorité de ceux qui les ont écrits[1].

La Semaine religieuse a publié, dans les nos des 14 et 21 février dernier, l’Instruction pastorale de Mgr l’Évêque de Nantes pour le Carême : cette instruction a pour objet le Concile œcuménique. Incessamment elle va commencer une série d’articles sur cette grave question du moment. On y déterminera d’abord quelle est la nature d’un concile général et quelle en est l’autorité ; puis, après avoir raconté rapidement l’histoire des conciles œcuméniques, on montrera quel a été le rôle de ces grandes assemblées, l’influence qu’elles ont exercée dans le monde, les bienfaits dont la société leur est redevable. Puisse cette étude avoir pour résultat d’affermir davantage encore, s’il

  1. Parmi ces diverses publications nous citerons : Les Conciles Généraux, par Mgr Plantier, évêque de Nimes ; — le Concile œcuménique, par M. l’abbé Jaugey ; — le Concile, par Mgr de Ségur ; — l’Infaillibilité et le Concile général, par Mgr Dechamps, archévêque de Malines ; — une Lettre de Mgr Dupanloup ; — la Société devant le Concile, par M. l’abbé Martinet ; — le Concile œcuménique et le situation actuelle, par M. l’abbé Christophe.