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LE NOTAIRE JOFRIAU

l’argent et des papiers avaient été volés chez son cousin Jofriau. Un trait de lumière éblouit Suzanne : le contrat qu’elle vient de lire, le mutisme et les allures louches d’Arnold, sa grande fatigue… Oh ! elle chancela et ouvrit la bouche pour crier à son mari : « Le criminel est sous notre toit, il dort en haut. » Mais elle réprima cet élan. La rancœur éprouvée contre Michel, quand elle avait dû renoncer à capter son amour, n’était qu’assoupie, elle s’en rendit compte, alors qu’un atroce désir de vengeance s’élevait en elle. L’occasion était à sa portée de lui faire payer les dédains dont elle souffrait encore.

Prickett porte le fruit du vol dont me parle Alain. Michel sera soupçonné : sa femme pleurera. Dormez en paix, Prickett, vous ne serez ni trahi ni livré. Je vais, au contraire, vous donner le moyen d’échapper à la justice et mon mari ignorera toujours que vous êtes passé ici.

Rien de cette rafale qui traversa son cerveau ne parut sur la figure de Suzanne qui montra un vif intérêt pour ce que lui racontait son mari.

— Qui vous a dit tout cela, Alain ?

— Un courrier du Palais de l’Intendance de Montréal m’a apporté un pli. Il était présent quand Jofriau est allé rapporter le vol.

— Vraiment ? Vous ne pouvez être mieux renseigné, alors. Dites-moi, mon ami, Michel, soupçonne-t-il quelqu’un ?