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Page:Senécal - Le Notaire Jofriau, 1935.djvu/102

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LE NOTAIRE JOFRIAU

faction que celle de la vengeance, alors que le but de l’autre était sa sécurité personnelle, la possibilité de rentrer en Angleterre, d’y payer sa dette et de faire oublier le passé.

— Adieu, ma chère femme, dit Martainville. Le couvre-feu est sonné, je dois rentrer au fort. Je plains beaucoup votre cousin Jofriau.

— Au revoir, mon ami, n’y pensez pas trop, nous ne pouvons malheureusement rien pour lui.

— Hélas ! non, et je le regrette, dit le commandant avec sincérité.

Quand son mari fut éloigné, le visage de Suzanne, laissant tomber son masque d’indifférence, prit une expression haineuse et décidée.

— À nous deux, maintenant, Michel, siffla-t-elle entre ses dents, je tiens le moyen de vous faire payer les souffrances intimes dont je vous tiens redevable.

Et elle songea à la manière de faire partir Arnold en secret, dès l’aurore du lendemain :

— Sans doute, Prickett craint toute rencontre et désire se cacher. S’il a l’air de vouloir prolonger son séjour, je ferai mine d’en être ravie et surtout d’avoir grand plaisir à lui présenter un attaché de l’Intendance de Montréal qui dînera avec mon mari et moi, demain. Sûrement il refusera et demandera lui-même à partir au plus tôt.

Si Suzanne avait pu constater les angoisses de Mi-