à sa volonté et offrez-lui généreusement votre vie, quand même.
Un immense désespoir envahit l’âme du malheureux qui tomba bientôt dans une grande prostration. De temps en temps, une plainte déchirante s’échappait de ses lèvres blêmies par la douleur. La compatissante Supérieure s’était de nouveau faite installer près de l’agonisant, après avoir vaqué aux affaires urgentes et compliquées qui sollicitaient sa sagesse énergique. Elle trouva Arnold agité, inquiet, évidemment fort tourmenté. En dépit de sa faiblesse grandissante, il lui fit un signe d’appel. Tendrement maternelle, elle posa la main sur son front :
— Quelque chose vous trouble, mon ami ? Auriez-vous quelque confidence à me faire ? Un message à faire parvenir, peut-être ?
— Oui, oh ! oui… approchez-vous, madame…
Et la religieuse, l’oreille tout près de la bouche du moribond, entendit l’histoire d’Arnold Prickett. La voix haletante et dans un récit coupé de nombreux silences, il dit ses origines, sa jeunesse, son amour du jeu, la punition imposée par son père et son séjour en Nouvelle-France. Brusquement, il s’arrêta, recherchant le regard de madame d’Youville. Elle sentit qu’il avait encore quelque chose de grave à lui communiquer et vint à son aide :
— Vous voulez demander pardon à votre père ?