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LE NOTAIRE JOFRIAU

donjon Philippe-Auguste où Jeanne d’Arc fut emprisonnée et la Place du Vieux Marché, théâtre du martyre de la douce Pucelle. Un autre jour, les promeneurs se dirigèrent vers l’Abbatiale de Saint-Ouen. Le lendemain, le Palais de Justice étala devant Michel ses belles pierres sculptées : il retrouva, dans la rue de la Pie, le souvenir de Corneille dont les œuvres l’avait enivré, et monsieur Duval-Chesnay le conduisit à l’endroit où demeurait la famille du Sieur Cavelier de la Salle, découvreur du Mississipi et fondateur de la Louisiane. Les églises gothiques de Saint-Maclou et de Saint-Gervais l’intéressèrent. Il étudia, guidé et renseigné par son aïeul, les bas-reliefs de l’Hôtel du Bourgthéroulde représentant l’entrevue du Camp du Drap d’or.

Bref, d’étape en étape, de visite en visite, Michel se familiarisa bientôt avec ces spectacles si différents des agrestes environs de Varennes. Pourtant, les beaux temples aux impressionnants souvenirs, les vieux hôtels aux pierres délicieusement fouillées par les artistes de la Renaissance ne lui faisaient pas oublier le lointain village et la modeste église où s’était éveillée son âme d’enfant. En parcourant les berges de la Seine rouennaise, il revoyait le Saint-Laurent et ses flots magnifiques baignant le pied du cap natal. Et tout son cœur dans un élan d’amour, s’en allait vers son pays et ceux qui trouvaient déjà bien longue son absence. Michel était né vingt ans plus tôt, du mariage de René Jofriau, censitaire du fief de