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LE NOTAIRE JOFRIAU

ment où celui-ci lui donnait une nouvelle et si grande preuve d’intérêt, Michel n’hésita pas.

— Mon oncle, je ne puis dire jusqu’à quel point je vous suis reconnaissant. Mais en dépit de tous les avantages que me laisse entrevoir votre proposition, je sens que je dois retourner dans mon pays. J’y devrai sans doute, travailler plus âprement, être moins bien payé ; mais je serai près des miens. Il me semble que j’accomplirai ainsi un devoir auquel je ne puis me dérober.

— Michel, réfléchis bien : j’ai le ferme et doux espoir que tu reviendras sur ta décision et que je te garderai près de moi.

— Mon cher oncle François, je suis vraiment navré de vous désappointer. Je crois cependant mon intention bien arrêtée : je désire de toute mon âme retourner à Varennes pour y vivre près de ma mère et rendre service à mes compatriotes, en exerçant ma profession telle que vous me l’avez enseignée. Croyez-moi, je vous en prie, j’ai une peine profonde de vous causer une si vive déception.

— Je ne me tiens pas pour vaincu pourtant, nous en recauserons. En attendant, travaillons !

Cet entretien avait laissé sur la figure de Michel une empreinte de gravité et de tristesse. Suzanne ne le constata pas tout de suite quand elle vint ce matin-là dans le cabinet de travail de son père où Michel se trouvait seul.